Silvia Pragliola et Lisa Gentili sont deux jeunes vigneronnes au feu intérieur intense. Exactement ce qu’il faut, lorsque l’on connait les difficultés que peut représenter le lancement d’une activité vinicole aujourd’hui.
Silvia a entrepris la route du vin par hasard. Fatiguée de la vie citadine, elle se lance dans l’aventure agricole en investissant dans un petit terrain. La rencontre avec sa compagne passionnée de vin et sommelière fait le reste. A elles deux, elles exploitent des cépages principalement autochtones, qu’elles vinifient à Montefiascone, dans le nord du Latium.
Le résultat : des vins d’une extrême franchise, à l’image de Silvia et Lisa.
Leur 507 est un vin pétillant méthode ancestrale – refermentation spontanée en bouteille non dégorgé, non filtré- issu de raisin de cépage Procanico.
Le 2020, dégusté le 15 novembre 2021 lors de du salon Vignaioli Artigianali Naturali, était clair, limpide, cinglant comme peut l’être un pétillant méthode ancestrale. Dans le verre, bien que non filtré, le liquide était clair et limpide d’un jaune paille tendre et brillant. Mes notes ce jour-là reportent ‘Agrumes, pomme de jardin, herbes aromatiques, fleurs d’oranger, le tout mis en relief par une minéralité très plaisante. Le jus est gouteux et savoureux, un final en amande, persistant comme il faut.’
Aujourd’hui, à un an d’intervalle, je le retrouve toujours aussi frais en bouche, mais sans cette amande finale. Le jaune est plus lumineux, plus mûr. Le nez est chaud et frais à la fois, d’agrumes sucrées, d’abricot mûrs, de fleur de camomille, d’herbes des champs et de safran. La minéralité est encore explosive. En bouche il garde la fraîcheur qui m’avait tant marquée la dernière fois, mais il a gagné en rondeur et s’est fait plus docile, amical. Une bulle vraiment plaisante et délivrée avec passion, cela se sent.
Pour l’accord, il convient bien évidemment de considérer avec attention le rôle non négligeable de l’acidité, la prédominance olfactive des notes de fermentation et l’absence de sucre résiduel.
J’ai décidé de le servir avec un bouillon de volaille et tortellini.
Offerts par un ami de Bologne, les tortellini étaient exceptionnels. Et le bouillon était d’une bonté automnale à point.
L’accord en revanche n’était pas parfait. Je n’avais pas prévu une acidité aussi poignante. J’y accosterai volontiers a posteriori un risotto au safran pour souligner les épices de l’olfactive, crémeux et riche en parmesan reggiano ou grana padano pour reporter en bouche l’équilibre entre acidité et douceur.
Colpa mia.
Je l’ai finalement mieux apprécié en fin de journée avec quelques chips artisanales et ‘Vino al Vino’ de Mario Soldati.