Portrait Carlo Petrini

Slow-food, Slow-wine, les origines

Lorsque l’on commence à réfléchir à ce que l’on met dans son assiette et dans son verre, il est difficile de ne pas entendre parler à un moment ou à un autre du mouvement Slow-food.

Slow-food, qu’est-ce que c’est? D’où ça vient? Quelles sont les origines du mouvement qui opère aujourd’hui dans plus de 160 pays.

Une brève définition:

Slow-food est un mouvement culturel international fonctionnant sous la forme d’une association à but non lucratif, née en Italie, à Bra, en 1986, sous le nom d’Arci Gola, émanation de l’association plus large appelée ARCI Associazione Ricreativa Cultura Italiana. Association italienne de loisirs culturels).
L’association a été fondée par le gastronome Carlo Petrini, qui en est l’actuel président, et est coordonnée par un Conseil international et guidée par un Comité exécutif qui travaille à l’échelle mondiale en impliquant des millions de personnes dans plus de 160 pays. Slow Food opère également dans le domaine de l’éducation en créant la maison d’édition Slow Food Editore et le Master Slow Food en Culture Alimentaire et Tourisme Durable à l’Université des Sciences Gastronomiques de Pollenzo.

Wikipedia

Merci Wikipedia pour ce condensé plutôt neutre et un peu obsolète. Depuis 2022 Carlo Petrini n’est plus président de l’association. C’est l’agronome ougandais Edward Mukiibi qui a pris le flambeau.

Le concept de Slow-food

Le nom Slow-food fait bien évidemment référence à Fast-food. Mais le mouvement se révèle bien plus qu’un simple refus de la malbouffe. Le credo: on ne peut pas bien manger, bien boire, sans s’interroger sur les bases de l’agriculture et de la viticulture.

On ne parle pas seulement d’art culinaire. Mais d’alimentation, de variétés de fruits et légumes, de biodiversité, de diversité des cuisines, de production et consommation équitable. Et bien évidemment il est aussi question de vin.

Les origines du mouvement Slow-food

Tout commence d’ailleurs dans un vignoble, celui de Barolo.

Nous sommes dans les années 70. Tout est en fermentation, les idées, la culture, la politique… Même à Bra, un petit village du Piémont.

En marge de leur activité associative et sociale, Carlo Petrini et un petit groupe d’amis ont pris l’habitude de se réunir dans les maisons vinicoles. On y parle de littérature, d’actualité, de politique avec l’ambition de construire une alternative à la gauche en Italie, du futur du patrimoine viticole piémontais … Et les longues discussions se terminent inévitablement par l’ouverture de quelques bonnes bouteilles et par le partage d’un bon repas.

De ces réunions naissent de nombreuses manifestations culturelles. Un festival de jazz, de théâtre… On y verra en autres les débuts de Roberto Benigni. C’est de ces rencontres que débute la première radio politique italienne, Onde Rosse qui inaugure sa première émission avec la chanson’Pablo’ de Francesco de Gregori.

Rimmel est le quatrième album studio de l’auteur-compositeur-interprète italien Francesco De Gregori, publié en 1975 par RCA Italiana.

Et juste pour la petite histoire, la Radio sera rachetée quelques années plus tard par un Silvio Berlusconi à l’aube de sa carrière entrepreneuriale et politique.

Le festival prend de l’ampleur, il devient l’un des festivals de musique folklorique les plus importants d’Europe. Et pour payer les frais d’organisation, Carlo et ses amis commencent à vendre du vin et des produits du terroir piémontais par correspondance.

Le précurseur du Guide ai vini d’Italia

Pour faciliter la vente, ils éditent un premier catalogue des vins, avec des fiches techniques, des infos sur les producteurs. Leur but est de rendre accessible tout un tas d’infos concernant le vin et le vignoble pour permettre aux acheteurs de choisir consciemment. 

On est un peu loin de ce que sera le premier guide ai vini d’italia, mais les bases sont là.

Et en 1982, Carlo Petrini et ses amis officialisent le tout et créent ensemble une association, l’association Libera e Benemerita Associazione degli Amici del Barolo.

Le mouvement prend de l’ampleur, il change de nom, devient Arcigola.

Qui deviendra à son tour quelques années plus tard Slowfood. 

Le manifeste de SlowFood
Le manifeste Slow-food, publié en première page de Gambero Rosso, supplément du quotidien Il Manifesto, le 3 novembre 1997. Source: slow food.it

Quand le scandale du vin au méthanol éclate en 1986, rappelez-vous je vous ai déjà parlé, qui en plus d’être un événement tragique, marque vraiment le début d’une prise de conscience du secteur du vin mais aussi de l’alimentaire et de la gastronomie, le mouvement Slowfood s’impose justement comme la réponse verbale et active à cette prise de conscience.

Slowfood participera d’ailleurs avec le Gambero Rosso à la première édition du Guide des vins d’Italie en 1988 dont je vous ai parlé aussi la semaine dernière.

L’action de Slowfood

L’action de Slowfood est vraiment à 360°. 

L’éducation au goût, à la reconnaissance des ingrédients et à la connaissance des méthodes de production.

Le respect de l’environnement 

Avec une grande importance donnée aux méthodes de culture, d’élevage, de transformation, de marketing et de consommation équitables. Chaque étape de la chaîne agro-industrielle, y compris la consommation, doit protéger l’écosystème et la biodiversité́ en sauvegardant la santé du consommateur et du producteur.

L’association travaille aussi pour une consommation équitable par l’instauration de conditions de travail respectueuses de l’homme et de ses droits, avec de justes rémunérations; elle travaille pour la recherche d’économies mondiales équilibrées et pour le respect des diversités culturelles et des traditions.

Le guide du Slow wine voit le jour en 2011.

Le guide n’a pas pour objectif d’offrir un classement des vins, mais de mettre en lumière les caves, les producteurs et les territoires, en les décrivant de manière détaillée en termes de styles de vinification et de techniques agronomiques adoptées. 

Pour conclure Slowfood est actif pratiquement partout dans le monde, si vous voulez en savoir plus sur les actions menées dans votre région vous pouvez consultez les sites locaux qui sont nombreux. Slowfood.fr, .ch, .ca.