2020 Frizzante a rifermentazione spontanea in bottiglia
L’intellect est la nouvelle frontière de la dégustation.
Dis comme ça, ça peut paraitre prétentieux et peu démocratique.
Mais je m’explique.
Ne vous est-il jamais arrivé de reconsidérer un vin après avoir compris l’intention du vigneron ?
Ou après avoir découvert, visiter et apprécier la région ou encore mieux le vignoble d’origine ?
Nous sommes d’accord qu’il n’est pas forcément nécessaire de suivre un parcours professionnalisant pour apprécier la dégustation d’un vin. Je ne parle pas ici de dégustation technique, de nez ou de bouche, ni d’accord.
Maîtriser le vocabulaire adapté n’est pas non plus indispensable pour communiquer son appréciation. Et le manque de connaissances techniques sur la vinification, les sols, les terroirs, si mon intention est juste d’en savoir un peu plus sur ce que je bois, peut facilement être comblé en quelques minutes, merci google.
L’appréciation d’un vin est fondée essentiellement sur les sens et sur le goût personnel, développé à travers les expériences.
Mais à cela je rajouterai un autre élément à mon avis indispensable pour atteindre la dimension intellectuelle dont je parlais avant.
La curiosité.
La curiosité de connaitre la provenance, d’un point de vue humain et géographique, pour être en mesure d’apprécier le travail effectué en amont du verre. Attention, je ne parle pas de la satisfaction esthétique que peuvent produire les images polies que l’on trouve sur les sites des consortium ou des maisons vinicoles, vinoterso y compris, et ce même si je suis la première à tomber devant la beauté des collines de Conegliano capturée magnifiquement par Arcangelo Piai.
Je parle de terre, de vignobles taillés à la main par choix et par credo, de travail en sueur après la 20èmecaisse tirée sur les coteaux dont l’inclinaison est supérieure 15%, de pari relevé quand, à la première mise en bouteille, tu ne regrettes pas d’avoir repris le vignoble de tes grands-parents, de toutes les motivations et les intentions du vigneron pour exprimer son terroir. A cela s’ajoute l’histoire du lieu, du vignoble, de la région…
Lorsque l’on s’est laissé raconter ou qu’on est allé personnellement recueillir toutes les informations qui contribuent à donner matière à ce qui se passe en amont de la bouteille, l’intellect participe à la perception de ce qui se présente dans le verre.
Si en plus la concentration et le calme s’invitent à l’ouverture de la bouteille alors on assiste à un petit miracle intérieur, à la création d’un lien extrêmement intime entre le projet d’un vigneron/œnologue, son terroir et le dégustateur domestique.
C’est un discours un peu lourd pour introduire un vin qui brille de simplicité, dans le sens Van der Rohe du terme.
La maison Ca’ dei Zago ne produit que deux vins à partir de vignes dont l’âge moyen est de 55 ans, situées entre 260 et 400m d’altitude. Cela pour vous dire le degré d’attention que les vignerons Christian et Marika Zanatta accordent à leur production : pas de superflus, l’intention est exprimée de façon réfléchie et ressentie.
Comme dans le reste de l’appellation, le travail dans le vignoble est effectué exclusivement à la main. Les pentes raides des collines ne permettent pas en effet l’intervention mécanique, et cela s’accorde tout à fait avec les intentions ultra respectueuses que ces deux vignerons nourrissent pour la nature qui accueille le vignoble qu’ils ont reçu en héritage. Les rangées de vignes sont enherbées, nourries au fumier et compost fait maison et subissent peu d’interventions, toutes en accord avec le protocole biologique. Le travail dans le vignoble et dans la cave est réalisé selon des principes basés sur l’agriculture biodynamique.
Ca’ dei Zago – Valdobbiadene DOCG
2020 Frizzante a rifermentazione spontanea in bottiglia
Le Prosecco Valdobbiadene DOCG de Ca’ dei Zago est produit selon la méthode ancestrale, avec refermentation en bouteille, sans filtration ni stabilisation.
D’une couleur jaune paille, voilé par les lies en suspension, le liquide dans le verre est couronné d’une mousse persistante et égaillé de bulles délicates.
Le nez est tout de suite très plaisant, frais et fruité, pomme verte, agrumes avec une agréable tendance à l’exotique lorsque le vin commence à prendre un peu de souffle, fleurs blanches.
L’arôme typique du Prosecco méthode ancestrale, le pain au levain, est présent mais d’une grande discrétion.
En bouche, la gorgée est croquante et très agréable, fraiche et sapide, une très légère amertume au final.
Pour ceux qui ne connaissent pas le Prosecco Sui lieviti, l’absence de sucre résiduel peut surprendre, mais c’est une caractéristique de cette typologie.
Un Prosecco Sui lieviti que j’ouvrirais volontiers tous les soirs, une gorgée simple et apaisante, extrêmement bien exécutée, d’une qualité recherchée et obtenue.
En plus d’être une parenthèse intellectuelle, au moins pour moi.
N.C. g/l de sucre résiduel
11 % alc. vol.
