Les différents lieux du glera: de la Vénétie, au Brésil, à l'Australie et la Croatie

Glera et Prosecco, tour du monde aller-retour.

Tout voyage autour du monde demande un peu de préparation. Et pour comprendre le périple du cépage glera, il me semblait important de revenir sur quelques notions ampélographiques d’une part -de la science qui étudie et classe les cépages, version old-style Vs version2.0-, et historico-économiques d’autre part pour mieux cerner les motivations de la diffusion des cépages. Oui, je sais… Si vous préférez passer directement au Brésil sans passer par la case ampélographie, aucune rancune, c’est par ici.

Définition du mot ampelografia dans la Treccani
Extrait de l’Enciclopedia Italiana fondée par Giovanni Treccani, article ampelografia

Ampélographie old-style, appliquée au glera.

Ampélographie, discipline qui décrit, du point de vue de la morphologie externe, les différents cépages et les classe selon certains critères systématiques. Les caractères diagnostiques les plus importants (qui sont recueillis dans des fiches ampélographiques particulières) sont ceux des rameaux (couleur, aspect tomenteux, forme), des feuilles (taille, forme, aspect tomenteux, dents, nervures, etc.) et des grappes (taille, forme, compacité; couleur, taille et saveur des raisins ; période de maturation). Les systèmes de classification italiens comprennent ceux de G. di Rovasenda et G. Molon.

L’ampélographe est donc un observateur.

Il observe les rameaux, les feuilles, les fruits et les graines aux différentes étapes de la croissance de la vigne. En recueillant toutes les informations nécessaires sur les caractéristiques morphologiques d’une vigne et sur son environnement, l’ampélographe identifie et classe les variétés.

On peut facilement imaginer les premières rencontres de l’homme chasseur-cueilleur avec des vignes à l’état sauvage. La nécessité d’opérer une distinction et une sélection entre les vignes est une question de survie : celle-ci, comestible ; celle-là, non. Avec la mise au point empirique et le développement de techniques de vinification et d’échanges même primitifs, la sélection suit alors une logique commerciale : celle-ci, productive ; celle-là, moins. 

Et une fois sélectionnées, l’homme étant un bon sherpa, les vignes commencent à voyager, à choisir les lieux où séjourner et la partie plus intéressante, à se rencontrer. Parfois spontanément, parfois de façon organisée. De ces rencontres naissent de nouveaux spécimens qui à leur tour engendrent de nouvelles descendances, qui à leur tour, voyagent et adoptent des noms à consonance locale à chaque arrivée dans un nouveau lieu.

La figure de l’ampélographe prend forme. Pline l’Ancien dans son immense recueil encyclopédique ‘Naturalis Historia’, et en particulier dans le livre XXIII, rend compte des premières observations et classifications établies par les auteurs qui l’ont précédé et dont il se fait le vecteur.

Malgré l’affinage des méthodes d’observation et le perfectionnement des moyens de partage de l’information, le grand nombre de cépages cultivés et la complexité de leurs dénominations rendent la tâche d’un traitement complet et précis difficile pour la vie et les connaissances d’un seul homme. On devine le travail minutieux et organisé de l’abbé François Rozier alimenté par le goût du collectionnisme et la curiosité – observer, classer, nommer, cataloguer- afin d’établir en 1700 le premier traité ampélographique qui malheureusement ne sera pas achevé.

Les moyens d’investigation sont un facteur déterminant : avoir un regard complet dans un lieu donné demande des ressources économiques conséquentes. Aussi, quand l’enjeu devient commercial, des moyens pour connaître et cataloguer les variétés sont mis en place. En 1823, quand la Maison d’Autriche met les mains sur les terres vénitiennes et frioulanes, les vignes et les cépages dont sont issus des vins à forte valeur commerciale sont recensées et classées dans le Catalogue des variétés de vignes dans le Royaume de la Vénétie, ‘Catalogo delle varietà delle viti del Regno Veneto per ordine di S.A.I. Francesco Carlo figlio di S. M. Francesco’.

Plus tard, avec l’arrivée du phylloxéra, les choses s’accélèrent à nouveau. La recherche de cépages hybrides euro-américains adaptés aux sols des différentes régions sans altérer les qualités organoleptiques des cépages qu’ils hébergeront est une nécessité : ce travail immense est à la base de l’ampélographie moderne.

Mais au début du 20ème, la confusion règne encore. Girolamo Molon, l’ampélographe italien cité par l’article du Trecani, l’exprime parfaitement : “… l’ampélographie en Europe peut encore être considérée à ses débuts, car il n’a pas encore été possible d’en faire la synthèse.

Il est urgent que nous aussi, nous nous mettions au travail avec de grands moyens et de la ténacité, car malgré les efforts de chercheurs patients, l’ampélographie est aujourd’hui un ensemble complexe et confus de noms et de descriptions, qui ne donne ni satisfaction au scientifique, ni profit au viticulteur”.

Ce que Girolamo Molon ignore et qui complique le travail de toute une généalogie d’ampélographes avant lui, c’est que la vigne est une espèce polymorphe qui s’exprime en fonction de son environnement : en fonction du sol, en fonction du climat, en fonction de l’exposition.

L’attribution de nom aux espèces viticoles est une autre complication. Chaque lieu de naissance attribue un nom à l’espèce qu’il connait : qui en fonction de la couleur des baies, qui en fonction de la période de maturation, qui en fonction de la douceur ou de l’acidité de ses fruits, qui en fonction de son lieu de provenance, qui en fonction du vin qui en est produit, qui en fonction de la qualité du vin qui en est produit… et ce dans une multitude de langues et de dialectes. 

Tout ceci a généré au fil des siècles des noms, des synonymes, des homonymes et beaucoup de confusion.

Le prosecco ne fait pas exception. Le mot prosecco a lui-même été utilisé au cours de l’histoire pour désigner plusieurs concepts. C’est d’abord un toponyme, puis un vignoble, puis le vin provenant de ce vignoble. Le nom désigne aussi des vins offrant des qualités similaires, plus récemment les cépages utilisés pour l’élaboration de ce vin, enfin un cépage et pour finir une appellation

En ce qui concerne le prosecco/cépage, à l’époque où Balbi Valier sélectionne une variation clonale particulière appelée prosecco tondo ou Balbi, de nombreuses variétés morphologiquement distinctes sont connues sous le nom de prosecco dans la région de Conegliano e Valdobbiadene. En 1980, la ‘Stazione Sperimentale di Viticoltura e di Enologia’ -station expérimentale de viticulture et d’œnologie- de Conegliano sélectionne et diffuse deux variations clonales sous le nom de ‘prosecco lungo’ et de ‘prosecco nostrano’.

Ampélographie 2.0, encore appliquée au glera.

La réponse aux interrogations de Girolamo Molon quant aux limites de l’ampélographie arrive près d’un siècle après avec l’ampélographie moléculaire : l’analyse de l’ADN ou plus précisément la reconnaissance de marqueurs particuliers de la molécule d’ADN permet sans doute aucun l’identification variétale de la vigne. Le premier séquençage du génome sur la Vitis vinifera a été réalisé en 2007 par un consortium franco-italien coordonné par l’INRA. Les profils génétiques de centaines de variétés ont pu être étudiées et les différents cépages, leur degré de parenté ont pu être identifiés et décrits de manière non équivoque.

L’analyse moléculaire simplifie et accélère la clarification des homonymes et des synonymes, mettant ainsi un point final à de nombreuses discussions. Certaines variétés perdent leur identité séculaire, c’est le cas du prosecco nostrano -nostrano en italien signifie autochtone, local- celui sélectionné par la ‘Stazione Sperimentale di Viticoltura e di Enologia’ en 1980 et qui se révèle être la malvasia bianca lunga. D’autres que l’on croyait différentes variétés se retrouvent être en fait les différentes expressions d’un seul et même cépage : le cépage prosecco et le cépage croate teran bijeli ont le même profil génétique. Les différentes expressions, qui peuvent être par exemple la couleur du fruit, sont alors attribuables à l’effet de l’interaction du génotype avec l’environnement et non au fait qu’il s’agit de variétés différentes.

Extrait Article scientifique Genetic characterization of Croatian grapevine cultivars and detection of synonymous cultivars in neighboring regions by E. MALETICI et al.
Le Teran Bijeli, un cépage croate n’est autre que le Prosecco.

En quelques années, des centaines de variétés sont testées et identifiées et une base de données est créée, permettant non seulement la simplification de la reconnaissance ampélographique autour du globe mais aussi une économie de temps et de ressources inimaginable en comparaison avec une enquête morphologique classique. 

En quelques mots et pour comprendre le principe, il existe de nombreux types de marqueurs moléculaires. Pour la vigne en particulier, les marqueurs SSR aussi appelés microsatellites, permettent d’identifier les variétés. Chaque cultivar a son propre profil microsatellite précis. D’autres marqueurs (MSAP, AFLP, SAMPL, SNP, SSAP, ISSR, RAPD, MAFLP, IRAP) permettent de distinguer les génotypes appartenant à une même variété comme les clones, les biotypes, la fameuse polymorphie de la vigne évoquée plus haut.

Le prosecco ne fait pas exception et fait l’objet de nombreuses recherches, la ‘Stazione Sperimentale di Viticoltura e di Enologia’ existe à Conegliano depuis 1923. En 2013, une étude est menée dans la région de production du Prosecco pour identifier les nombreux cépages appelés “prosecco” par les vignerons. Les analyses génomiques révèlent la présence de deux cépages bien distincts malgré un degré de parenté : le prosecco tondo et le prosecco lungo, respectivement rond et long.

L’étude révèle en outre l’usage de nombreux synonymes et homonymes indistinctement entre les deux cépages. Pour le prosecco tondo, le nom le plus utilisé est prosecco. Les noms glera et serpina sont moins fréquents.  Pour le prosecco lungo, glera est le nom le plus utilisé tandis que le nom prosecco est beaucoup moins usité.

Le prosecco Balbi, fréquemment cité lorsque l’on parle de Prosecco, est un biotype du prosecco tondo.

Glera, un cépage européen

Les cépages ne connaissent pas de frontière.

L’homme est un bon sherpa et il choisit souvent de l’être à bon escient, le profit économique étant d’ailleurs un moteur d’action très efficace. Le succès des vins produits dans la région du château de Prosecco n’est pas indifférent au fait que les cépages utilisés à la production des vins aient commencé à voyager. Venise a contribué fortement à la diffusion des cépages à travers un commerce du vin très développé. Il est d’ailleurs crédible que les cépages soient arrivés à Prosecco pour les mêmes raisons. Beaucoup défendent la thèse que la localité de Prosecco était une étape du voyage, même si on ne connait pas avec précision la provenance des cépages, ni le sens de la migration.

Le multiculturalisme et le multilinguisme de la région, le changement fréquent d’administrations, ont contribué à ce que des cépages identiques portent des noms différents. La polymorphie est en partie responsable.

Selon l’analyse génétique, que les deux cépages prosecco longo et prosecco tondo aient un lien de parenté est indéniable. Il n’est cependant pas possible d’identifier le degré de parenté, ascendant/descendant ou horizontal. Une autre étude ampélographique menée en 2012 identifie le prosecco tondo en Croatie sous le nom de teran bijeli, et en Slovénie sous le nom de briska glera et de steverjana

Un autre lien de parenté : le Vitovska, un cépage blanc de la région frontalière entre l’Italie et la Slovénie, descend du Prosecco et du Malvasia Bianca Lunga. 

 Beaucoup d’inconnues subsistent. Les dates de transferts, l’orientation des déplacements, l’emploi d’homonymie ou synonymie dans les actes officiels qui témoignent de la présence historique des cépages. 

Il est beaucoup plus facile de suivre les déplacements de la vigne aujourd’hui.

Italie, Croatie, Slovénie, Argentine, Brésil, Australie.

Encore une fois, l’homme se révèle être un bon sherpa, toujours pour les mêmes raisons. Et la diaspora italienne est un bon vecteur de propagation.

Les différents lieux du glera: de la Vénétie, au Brésil, à l'Australie et la Croatie
Le glera autour du monde.

Le glera au Brésil.

Le glera suit l’odyssée des Italiens partis à la recherche de meilleures opportunités avec quelques greffes dans leurs poches. Les Italiens arrivent au Brésil dès 1875. Nombreux sont ceux à avoir quitté leurs régions d’origine, le Trentin et la Vénétie pour la grande majorité, choisissant de laisser derrière eux des conditions sociales particulièrement difficiles. Ils s’installent pour la plupart dans l’État le plus méridional, le Rio Grande do Sul, situé à 900 miles au sud de Rio de Janeiro et trouvent à La Serra Gaúcha les conditions excellentes pour la culture de raisins. Cette zone fraîche et vallonnée est particulièrement propice à l’élaboration de vins mousseux – climat tempéré, sol de roche basaltique et altitude- qui en l’occurrence font déjà partie du patrimoine vinicole des deux régions italiennes.

À la même époque à Conegliano en Italie, en 1878, Balbi vient tout juste de sélectionner le clone prosecco Balbi et Antonio Carpenè de fonder la “Società Enologica Trevigiana”. La méthode Martinotti/Charmat n’est pas encore déposée, mais le vin mousseux issu de refermentation spontanée en bouteille circule déjà à Venise et sur les collines de Conegliano.

C’est le cas d’Antonio Domenico Salton qui, parti de Cison de Valmarino près de Trévise en Vénétie, arrive en 1878 à Bento Gonçalves dans le Rio Grande do Sul où il pose les fondations de ce qui sera aujourd’hui une maison vinicole de renom. Son vin Prosecco est un des succès de la Familia Salton.

Australie, l’autre pays du Glera

Les premières traces administratives de l’arrivée du Prosecco en Australie datent de 1997. Le cépage est arrivé légalement, avec timbre d’entrée sur le sol australien délivré par les services de douanes. Une précédente entrée clandestine n’est cependant pas exclue, l’immigration italienne vers les terres australiennes, provenant principalement du nord de l’Italie et en particulier de la Vénétie, est conséquente dès 1920 et s’intensifie après la seconde guerre mondiale jusqu’à la fin des années 70’. Le cépage élit domicile en Australie dans les terres accueillantes de la King Valley où il trouve des conditions climatiques et géologiques très similaires à celles des collines de Conegliano, son terroir de prédilection. La King Valley, ou la King River Valley, du nom de la rivière King qui traverse la vallée homonyme, est une région viticole et agricole, située dans la partie nord-est de l’état Victoria entre Wangaratta et l’Alpine National Parc. L’histoire d’une famille originaire de Conegliano, la famille Dal Zotto, a été beaucoup relayée par la presse locale et internationale comme la success story exemplaire d’une viticulture italo-australienne réussie. L’écho qu’elle y trouve dans la presse est aussi révélateur de l’intérêt australien de faire valoir la légitimité historique des descendants italiens à l’utilisation du nom prosecco. 

Le jeune Otto Dal Zotto quitte sa ville natale Conegliano en 1967, direction la King Valley en Australie où il s’essaye d’abord à la culture du tabac puis à viticulture. Les nombreuses similitudes qu’il y trouve avec les collines de Conegliano où il a grandi le portent à choisir des cépages qu’il connait, dont le prosecco. Pour reproduire le vin de son enfance ? pour reproduire le succès commercial que le vin Prosecco connait déjà ? Le fait est qu’en 1999, il plante un vignoble 100% prosecco et commercialise le premier vin Prosecco australien en 2004

Dal Zotto n’est pas le seul à produire du Prosecco aujourd’hui, le cépage prosecco est maintenant cultivé dans 11 régions australiennes et le marché australien du vin Prosecco représente aujourd’hui environ 60 millions de dollars par an et est en pleine croissance.

Prosecco/glera, la double identité

Retour en mars 2009, Luca Zaia annonce l’intention d’élargir la zone de production du Prosecco, la Gazzetta ufficiale a officiellement annoncé l’enregistrement du nom glera comme synonyme de prosecco. Le cépage change de nom et l’appellation protégée au niveau européen Prosecco voit le jour sans qu’aucun autre organisme vinicole international n’ait été consulté.

Image extraite du film Retour vers le futur
Le continuum espace-temps a produit une nouvelle séquence chrono événementielle entrainant l’émergence de cette réalité alternative. 

Vous me suivez ?

Le Prosecco est protégé en Europe, mais pas dans le reste du monde. 

Et les pays extra-européens qui le produisent n’entendent pas renoncer à l’utilisation d’un nom aujourd’hui synonyme de succès commercial mais qui représente de façon légitime une partie de leur histoire vinicole, comme l’illustre l’histoire de la famille Dal Zotto.

Un dialogue pour l’instant peu fructueux s’est instauré entre l’Italie et l’Australie et les deux parties sont attachées à faire valoir la propre légitimité. En 2019, le gouvernement australien a accordé à l’université Monash de Melbourne un financement pour examiner la base juridique de l’utilisation des appellations, Geographical Indication en Australie, dans les accords commerciaux. Les auteurs de l’enquête ‘In Vino Veritas ? The Dubious Legality of the EU’s Claims to Exclusive Use of the Term “Prosecco” en arrivent à la conclusion que l’application d’une GI pour le Prosecco contreviendrait aux règles de l’Organisation mondiale du commerce. La question reste ouverte et pendant ce temps, les producteurs australiens peuvent continuer à produire et à vendre du Prosecco en dehors du marché européen.

Extrait de l'article 'In Vino Veritas' The Dubious Legality of the EU's Claims to Exclusive Use of the Term "Prosecco" Mark Davison, Caroline Henckels and Patrick Emetton* An edited version of this paper will appear in the Australian Intellectual Property Journal (2019) The Eurobean Union (EU) maintains that the word "Prosecco" is a geographical indication for a type of wine made in Northern Ital, rather than a grape variety.
In Vino Veritas, l’étude financée par le gouvenement australien pour faire reconnaitre la légitimité de l’usage du terme ‘prosecco’ en Australie.

De temps en temps, le vaste monde de l’information vinicole, virtuel ou non, tressaillit en réalisant l’existence d’homonymes du champion italien ou en apprenant la présence de Prosecco extra-communautaire sur les podiums de dégustations européens. Mais il est curieux de constater que même Vinitaly se laisse prendre au jeu et récompense à plusieurs reprises sur ses podiums, des Prosecco brésiliens. En 2005, le Prosecco vinho fino branco espumante natural brut Serra Gaucha de la coopérative vinicole brésilienne Aurora Ltda – Bento Gonçalves remporte le titre Gran Menzione du concours Spumanti Metodo Charmat. L’appellation Prosecco ne pouvait être objet de discussion en 2005, le cépage n’ayant pas encore changé de nom.

Nell'elenco della Gran menzio- ne dispiace solo di scovare un Prosecco forestiero: Prosecco 'vinho fino branco espumante natural brut Serra Gaucha, della Cooperativa vinicola Au- rora Ltda - Benjo Gonçalves, Brasile. Ma, si sa, il vitigno è giramondo e così ci becchia mo anche il Prosecco carioca.
Le Prosecco brésilien emporte le prix dans la catégorie Altri Spumanti metodo Charmat au Vinitaly 2005, comme le reporte le Corriere Vinicolo.

 En 2015 cela commence à faire sourire. Un autre Prosecco brésilien remporte le même titre, Gran Menzione dans la même catégorie des vins charmat : le Prosecco vinho branco espumante natural brut serra gaucha 2014 de la coopérative vinicole brésilienne Garibaldi LTDA. 

PROSECCO VINHO BRANCO SPUMANTE NATURAL BRUT SERRA GAUCHA 2014 COOPERATIVA VINICOLA GARIBALDI LTDA - GARIBALDI (BRASILE) reçoit la Gran Menzione au Vinitaly 2015
Un Prosecco brésilien reçoit la Gran Menzione au Vinitaly 2015

En Europe, une discussion similaire sur la légitimité de l’usage commercial du terme Prosecco a lieu. L’amorce de la discussion n’est cependant pas la même. Il ne s’agit pas d’émigrés italiens partis en quête de bonne fortune des boutures en poche. Mais la substance n’est pas si différente, les cépages, comme les langues ne connaissent pas de frontière. 

Si vous êtes arrivés jusqu’ici et que vous avez digéré l’introduction, vous vous souvenez que le mot prosecco a été utilisé au cours de l’histoire pour désigner plusieurs concepts : un toponyme, un vignoble, le vin provenant de ce vignoble, des vins offrant des qualités similaires. Le mot Prosecco s’est longtemps promené sur un territoire autour de la frontière italo-slovène, a été adopté, modifié. L’usage du nom lié à un vin vénitien méthode charmat est une des versions que nous connaissons. Le terme continue d’indiquer le village de Prosecco, Prosek en slovène. Toujours dans le Frioul, dans le Carse où la langue slovène côtoie l’italienne, le terme Prosekar qui signifie littéralement vin du village de Prosecco désigne un vin méthode ancestrale issu des cépages vitovska, malvoisie istrienne et en quantité mineure glera. En Croatie, l’homonyme Prosek désigne un vin de dessert produit à partir de raisins passerillés issus des variétés bogdanuša, maraština et vugava du centre-méridionale de la Dalmatie. 

De quoi faire jongler les législateurs européens.