Ep. 23 | La Sardaigne des autres cépages Sardegna Coast to Coast 8

Aujourd’hui avant dernier épisode de notre série Sardegna Coast to Coast.

 

Après ces quelques semaines passées en Sardaigne ou tout du moins oralement pour vous grâce à Vinoterso, vous avez surement commencé à vous faire une idée, quoique succincte du vin en Sardaigne.

 

C’est une idée construite par podcast interposé donc elle n’est bien évidemment qu’un faible reflet de la réalité.

J’ai mis en lumière çà et là, quelques vins, quelques zones, au moyen de la narration de mes vacances estivales.

L’idée qui me vient à l’esprit est une pièce sombre dans laquelle on promènerait le faisceau d’une lampe de poche. Si on peut se faire une idée somme toute assez plausible de la pièce dans l’obscurité, lorsque l’on rallume la lumière ou encore mieux que l’on attend le lever du soleil, pouvoir contempler la pièce et son mobilier d’un seul regard est une tout autre chose.

 

Je vous ai parlé des grandes lignes, cannonau, vermentino, carignano, vernaccia… de la Gallura, de Oristano, du Sulcis, de la Barbagia et de Cagliari.

Ce qui ne représente qu’une partie infime du terroir sarde mais c’est aussi celle qui a le plus d’écho. Je pense bien évidemment à Argiolas et Pala, aux vins de Giacomo Tachis dont la résonnance dépasse largement les frontières sardes et italiennes.

Une autre chose, la Sardaigne est bien loin d’avoir mis en valeur tous les cépages, les terroirs, les vins issus de son territoire. Comme je vous l’ai raconté, à côté de quelques grandes maisons reconnues au niveau national et international on l’a vu avec Santadi et le Terre Brune, où le très haut niveau de qualité est maintenant la norme, il y a la place aujourd’hui pour un renouvellement, pour les nouvelles générations. Ce n’est pas un hasard si je vous ai parlé de Simone Sedilesu, d’Antonella Corda, d’Elisabetta Pala.

Le renouveau est là et il est impressionnant de qualité. 

Juste pour vous dire, Elisabetta et Simone font partie tous les deux du classement 40 Under 40 Wine Industry Leader en Italie.

Ce qui montre bien le potentiel qui se construit sous nos yeux en ce moment en Sardaigne.

Car rappelez-vous je vous en ai parlé, le passé où une viticulture de masse de vin en vrac destinée à la coupe d’autres vins même français n’est pas si vieux, on parle de la génération des parents de Simone, d’Elisabetta et d’Antonella. Même si eux ont grandi dans des familles qui ont mis en lumière bien avant les autres la qualité du terroir sarde.

Et il faut du temps, une prise de conscience, une connaissance de son propre terroir pour progresser. Sans oublier une bonne dose de courage et de confiance en soi.

Une autre chose, je trouve que la Sardaigne est une représentation en miniature de la viticulture italienne. Un terroir riche, très riche qui s’il a de très belles zones à vocation vinicole aujourd’hui reconnues dans le monde entier, n’a pas encore atteint le maximum de ses capacités. 

Rappelez-vous dans l’épisode estival ‘Vous avez dit mineur ?’ nous avions vu ensemble que le vin est produit dans toutes les régions en Italie, et chacune de ses régions a ses propres variétés intéressantes encore appelées mineures. 

Ce sont ces cépages mis un peu de côté parce que difficiles à cultiver, à soigner, ou parce qu’elles sont peu productives ou qu’elles donnent des vins anguleux si elles ne sont pas accompagnées correctement.

Fort heureusement au cours des dernières décennies, on assiste à une redécouverte heureuse de ces cépages, en témoigne le salon qui leurs est dédié l’Autoctona di Bolzano. Cela dit, et on le verra la semaine prochaine avec la Sardaigne, les cépages dit internationaux donnent aussi des résultats monstres tant au niveau de l’excellence que de la territorialité. Sassicaia, San Leonardo, Grande cuvée Primo Terlaner, la Riserva del Fondatore di Giulio Ferrari. 

 

Bon encore une fois je m’égare, encore une fois !!!

Je vous avais promis le nuragus, la malvasia di bosa. Et allez, je vous en rajoute quelques-uns pour la route, le bovale, le monica, le granazza. Il y en a évidemment bien plus.

Si vous êtes curieux je vous laisse une liste non exhaustive en fin d’épisode.  Puis tiens ce sera aussi l’occasion d’un petit exercice de prononciation.

A défaut de pouvoir vous donner pour tous les vins d’aujourd’hui des prix et des adresses où les trouver…

C’est parti.

Rouge, blanc ? 

On commence par les rouges.

Monica.

Le Monica est un cépage que l’on ne trouve qu’en Sardaigne, c’est d’ailleurs l’un des cépages les plus cultivés sur l’Ile. Mais il est finalement peu connu. 

Deux doc lui sont dédiée, la DOC Monica di Sardegna et la doc Monica di Cagliari. 

Les caractéristiques du vin issu de Monica, une belle couleur rouge rubis avec des reflets violets, des arômes de petits fruits rouges frais, des tanins doux, une structure moyenne et une acidité contenue. 

Le Monica ‘Perdera’ Argiolas, 9,50 euro en France, toujours de Argiolas, Monica di Sardegna Superiore ‘Iselis’ Argiolas 2019, 17,50 euro, 25 francs en Suisse, en ligne 

BOVALE et BOVALE GRANDE

 Origine incertaine encore, certains font remonter son arrivée à l’époque de domination espagnole, mais les cépages espagnols de noms similaires ont pourtant un profil génétique différent.

Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais sachez aussi que l’on distingue deux variétés sous le nom de Bovale : Bovale Sardo et Bovale grande. 

Le Bovale a longtemps été utilisé comme raisin d’assemblage ses caractéristiques : forte teneur en alcool, bonne acidité venaient enrichir des vins moins puissants. Depuis quelques années, son potentiel qualitatif lui a permis de devenir protagoniste de vin monocépage au résultat intéressant. 

 

Le Bovale sardo est une variété répandue surtout dans la zone de Cagliari, dans les zones d’Oristano et de Terralba, à Anglona et à Logudoro. Il est protagoniste de la DOC Campidano di Terralba et figurant principal de la doc Mandrolisai en assemblage avec les cépages Cannonau et Monica.

Vinifié seul, il donne naissance à un vin rouge rubis tirant sur le pourpre et le violet. Les arômes, intenses, vineux, de petits fruits rouges. En bouche, frais et sapide avec des tannins prononcés.

En assemblage, il apporte ce timbre chromatique entre le pourpre et le violet et une belle fraicheur et il donne des résultats impressionnants comme en témoigne le Mandrolisai Rosso Superiore Angraris de Fradiles que j’ai cité il y a un instant pour le monica.

 

 

Passons au blanc et je voudrais commencer par la Malvasia di Bosa.

 

Malvasia di Bosa

Pour commencer, Malvasia di Bosa, c’est le vin, et de la dénomination Doc qui est de 1972, Bosa étant un petit village sur la côte ouest de la Sardaigne, au nord de Oristano.

Le cépage se nomme Malvasia di Sardegna. C’est un cépage de faibles rendements ce qui explique aussi la faible production et le désamour pour ce cépage qui donne pourtant des vins oxydatifs à haut potentiel.

Le Malvasia di Bosa Riserva Columbu est un vin oxydatif d’une belle robe jaune dorée, sec, à la trame iodée et fraiche et fortement marqué par le maquis sarde. 

Le vin de base fermente spontanément dans des récipients en acier inoxydable et est ensuite élevé pendant au moins 24 mois dans des barriques où la flor agit sur le liquide et opère lentement son travail de transformation oxydative du vin.

Une merveille d’accord avec la bottarga, si les idées d’accord mets/vin ne vous viennent pas.

A titre indicatif, Malvasia di Bosa Riserva 2015 de Columbu la bouteille de 0,5 litre 43 euros en ligne.

Je ne l’ai pas trouvée en Suisse, ni au quebec, mannagia.

Pour la petite histoire, la famille Columbu, Giovanni Battista et sa femme Lino sont protagonistes de Mondovino, le documentaire de Jonathan Nossiter, de 2004.

 

 

 

Le Granazza

Je vous en ai déjà parlé, lors de notre visite à Mamoiada en barbagia. Ce cépage, resté peu connu pendant des siècles, n’a pas de semblable d’un point de vue génétique : il s’agit d’un cépage autochtone avec des caractéristiques qui lui sont propres. 

Les quelques souches des vieilles vignes ad alberello, cultivées à 650 mètres d’altitude sont aujourd’hui l’objet d’un travail de sauvegarde et de valorisation en Barbagia.

Depuis 2002, la famille Sedilesu le vinifie avec ou sans repos sur lies. 

Le Barbagia Granazza IGT 19, 25 francs suisse, 17 euros pour la France, la belgique, Barbagia IGT Granazza sulle bucce 29, 52 francs suisse, 32 euros, tous les deux de la cantine Giuseppe Sedilesu. 

 

Un vin à la couleur jaune dorée, minéral, rustique, des parfums de maquis encore, d’agrume, de fleurs, miel et épices pour la version sur lies.  En bouche, frais, savoureux, une trame iodée pour les deux versions, balsamique pour la version sur lies. 

J’ai dégusté celui la cantina Giuseppe Sedilesu, lors de mon premier passage chez Su tapiu avec une lasagne de pain carasau, aubergine et fromage et j’en garde un souvenir vibrant. 

 

 

 

Le dernier invité de notre épisode d’aujourd’hui, le Nuragus.

 

Le Nuragus est un cépage versatile, résistant aux maladies, qui s’adapte facilement à tous types de terrain. C’est d’ailleurs le cépage blanc le plus cultivé en Sardaigne. Il est particulièrement répandu dans les provinces de Cagliari et d’Oristano, une doc lui est d’ailleurs dédié, la doc Nuragus di Cagliari.

Son point faible ? Sa vigueur. La vigne doit être accompagnée pour obtenir des résultats de qualité, c’est pourquoi beaucoup de pieds ont été explantés au profit de cépages plus faciles.

Le Nuragus est généralement vinifié seul.

Assemblé avec d’autres cépages locaux, on le retrouve dans l’élaboration notamment de vermouth. 

Le vin qui en est issu est d’une couleur paille assez pale, avec des reflets verdâtres, à l’olfactive, de fleurs blanches, agrumes, fruits à chair blanche, une bouche fraiche et sapide.

Le Pedraia de la cantina Santadi élaborée entièrement à partir de raisins Nuragus, après une fermentation en acier à température contrôlée, mûrit pendant quelques mois dans des cuves en ciment au contact de ses propres levures.  On y retrouve les agrumes, les fleurs blanches, le maquis et les fruits à chair blanche et développe aussi bien au nez qu’en bouche des accents plus doux et moelleux. 

Chez Argiolas, le S’Elegas jaune paille clair, lumineux. A l’olfactive, agrumes, herbes coupées, pomme. En bouche il est équilibré, frais et savoureux. C’est un vin de crustacés.

Le 2021 est disponible en ligne 8 euros en France et en Belgique en ligne. 

Le nuragus d’Antonella Corda, 14 euros en France et en Belgique.

Je ne vous cache pas mon amour pour les vins d’Antonella Corda, son Nuragus ne fait pas exception. On y retrouve à l’olfactive cette superbe trame iodée qui me rappelle les parcs à huitres de Kercabellec, et qui m’avait séduite déjà dans son vermentino, puis la pomme et la poire de jardin. En bouche, c’est un vin frais, équilibré, encore une fois une très belle cohérence avec l’olfactive. Le tout, à l’enseigne de la délicatesse, la signature d’Antonella Corda. Elle le recommande avec les huitres, qui suis-je pour la contredire ? puisque je vous parlais de Kercabellec, je me promets de le gouter avec celles de Retailleau. 

14 euros en ligne pour la France et la Belgique.  Sans même y réfléchir.

 

Ça va, je ne vous ai pas perdu en route ?

Notre tour en Sardaigne est presque fini. Un dernier volet nous attend. Et j’ai très envie de vous parler des vins d’assemblages. Dont un en particulier, qui m’a toujours fait voyager. 

Je viens juste de vous parler des cépages qui sont l’objet d’une juste redécouverte. Mais je ne voudrais pas que part ma faute, vous passiez à côté de superbes assemblages de style bordelais …

 

Bon passons au petit exercice que je vous ai promis au début. Carissimi amici sardi, aspetto i vostri commenti !!

Les rouges

Muristellu

Cagnulari

Pascale

Caricagiola

Nieddera

Nieddu mannu

Carenisca

Gir

 

Les blancs

Nasco

Semidano

torbato

 

dai, au moins 7 sur onze sont correctes !!!

 

à la semaine prochaine !!