Changer de vie: reconversion et passion du vin

Comment changer de vie et organiser sa reconversion pour vivre de sa passion pour le vin? Avez-vous déjà rêvé de passer à l’acte ? De quitter le monde civil pour répondre à l’appel pressant du monde du vin ? Vinoterso, le podcast a longuement interrogé Silvia Dionisi sur son passage à l’acte.

Reconversion, toutes les étapes pour vivre de sa passion pour le vin

Salariée dans une entreprise bien loin du secteur vinicole, elle a organisé son changement de carrière en nourrissant constamment sa passion pour le vin, en suivant des formations compatibles avec son emploi d’avant.

Aujourd’hui, Silvia est sommelière, dégustatrice, caviste, œnologue en devenir et future vigneronne. Elle vit de sa passion pour le vin après avoir organiser sa reconversion.

Après avoir organiser nos reconversions respectives, nous vivons de notre passion pour le vin
Silvia et moi!

Comment est-elle passée de l’autre côté du miroir? Quels moyens s’est – elle donnée pour y réussir?

Si plutôt que de lire en détails son parcours, vous préférez écouter l’interview, c’est ici! vinoterso.com/vinoterso-le-podcast/28

Pour la transcription c’est ici.Vinoterso, le podcast Ep.28 Transcription et Traduction

Première étape pour changer de vie: Nourrir sa passion pour le vin

En 2017, Silvia travaille dans une entreprise du secteur de l’industrie chimique. Le vin est déjà une passion pour elle à l’époque, une passion qui demande à être approfondie, d’ailleurs Silvia commence cette année-là un cours de formation pour devenir sommelière. Enrichir et nourrir sa passion, c’est ce qui l’a motivé pour faire un premier pas verre ce qui se révèlera un pas judicieux pour sa reconversion et ce qui l’amènera ensuite à vivre de sa passion pour le vin.

En Italie, le parcours de formation pour la sommellerie passe par l’école hotellière bien évidemment. Mais pas seulement. Plusieurs associations historiques comme la Fis, Fondazione italiana Sommelier, l’Ais l’Associazione Sommelier et la Fisar Federazione Italiana Sommelier Albergatori Ristoratori -Il y en a d’autres- proposent des formations professionnalisantes.

Ces parcours de formation sont aussi bien souvent fréquentés par des passionnés, qui ne pensent pas forcément à une reconversion mais qui souhaitent tout simplement nourrir leur passion pour le vin.

Elle enchaine les dégustations, elle fréquente le milieu des associations comme la Fis et la Fisar. Elle part à la rencontre des producteurs.

Déguster en solo, à la maison n’est pas toujours suffisant. Très vite l’envie de mettre en relief le gout personnel, de comprendre le genèse technique des vins, de découvrir de nouvelles bouteilles de nouvelles régions, se fait sentir et les associations, les groupes de dégustations offrent de belles opportunités.

Deuxième étape pour changer de vie: Planifier sa reconversion

Silvia n’imagine pas encore à l’époque faire de sa passion pour le vin un métier. Elle enchaine les dégustations, les cours et en 2018 elle passe le diplôme de sommelier au sein de la Fisar. Un premier pas vers une reconversion même si elle n’y pense pas encore.

L’idée de pouvoir faire de sa passion pour le vin un métier se concrétise. Silvia est encore salariée, mais elle s’investit lors de son temps libre et commence à planifier sérieusement sa reconversion.

Elle entreprend un master d’approfondissement en sommellerie et dégustation, le Bibenda Executive Wine Master de la FIS.

‘Presque deux ans de formation, c’est important oui. Une formation de très haute qualité, avec des voyages, des rencontres, avec des personnes importantes dans le monde du vin. Il peut donc certainement être considéré un master. Au niveau international, on connait le fameux Master of Wine qui est autre chose, une compétition entre les meilleurs.’

Après avoir approfondi le sujet pendant près de deux ans, elle décide de s’inscrire à l’université en oenologie. Toujours dans l’optique d’en savoir plus, poussée par la curiosité et le désir d’apprendre.

La 7ème promotion du Bem: nous vivons tous aujourd'hui de notre passion pour le vin
Toute la Promo 2021 du 7ème master en sommellerie de la FIS vit aujourd’hui de sa passion pour le vin

Elle poursuit en parallèle son activité de sommelière au sein de la Fisar: elle assure le service des cours de formation pour les futurs sommeliers, les dégustations avec les producteurs…

Et elle commence à réaliser que sa passion pourrait devenir un métier et non plus une activité de temps libre.

D’accord, c’était une chose dont j’étais curieuse, une chose qui me passionnait. Je me suis dit qu’il fallait poursuivre. Et puis j’ai réalisé que cela pouvait devenir un travail. Oui, bien sûr, j’ai tout planifié. Je ne fais jamais de choix inconsidérés. Alors oui, je me suis préparée pour pouvoir quitter le travail que je faisais et me consacrer au vin. Et bien sûr, ça a été une croissance continue.

Troisième étape pour changer de vie: Le passage à l’acte.

En 2022, Silvia quitte finalement son emploi dans le secteur chimique pour vivre de sa passion. Elle trouve un emploi dans une petite cave de quartier et elle assure le service lors des cours et des dégustations de la Fédération dont elle fait partie. 

Un excellent moyen pour continuer sa formation personnelle, développer ses connaissances et affiner son sens du service et du conseil, qualité nécessaire au caviste. 

Après 5 ans d’investissement personnel Silvia vit aujourd’hui de sa passion.

Son parcours de dégustatrice, de sommelière, d’oenologue en devenir lui permet d’avoir une vision à 360 degrés, dégustation et service, vente et conseil, technique et pratique. 

Est-ce tout? non!

Prochaine étape: Un futur vignoble

Silvia prévoit dans un futur proche la création d’un vignoble, 3 hectares pour commencer. Et la vision à 360 degré, caviste, dégustatrice, œnologue, lui permet de se projeter dès à présent à 3 ans, 5 ans 10ans.  

Le terrain, je l’ai déjà ! Je possède une ferme de douze hectares. Et j’aimerais en consacrer trois à un vignoble. 

Je ne sais pas encore de quoi et je réfléchis presque tous les jours à ce que je vais planter. Quelle variété de vigne est la meilleure, pour ne pas être répétitif. Je suis dans le Latium, dans la Maremma du Latium, qui est déjà une région assez particulière, et donc soit je choisis des cépages évidents et je me heurte alors à des maisons qui travaillent déjà dans la région depuis des années. Cela serait difficile. Ou bien tout chambouler et choisir les cépages qui à mon avis iraita bien sur ce terrain.  

Animée par une passion communicatrice, Silvia reste extrêmement lucide sur ses intentions, elle projette son vignoble, consciente des enjeux que cela représente.

Par exemple, je pense à un vignoble qui a une durée de vie moyenne de 30 ans. Parfois, on a de la chance avec des vins qui proviennent de vignes plus anciennes qui ont plus de 50, 60, 100 ans même. Et quand on implante un vignoble, que l’on choisit cépage, on décide de ce que sera le vin… on ne peut pas changer d’avis le lendemain parce que le public a changé de goût. Tu dois assumer ce choix pendant trente ans. 

Tu peux certainement faire des changements au chai. Tu peux choisir de faire un vin naturel, un vin traditionnel, là encore il y a beaucoup de choses à dire. On peut être interventionniste, beaucoup plus interventionniste au vignoble qu’à la cave. Les possibilités sont nombreuses.

Mais au moment où tu plantes la vigne, elle reste pendant trente ans et tu dois en tirer quelque chose.

Et le vignoble subit aussi des variations. Le vin subit également des variations climatiques. D’une année à l’autre, c’est souvent imprévisible et il faut donc toujours décider soit que le vin réponde au changement annuel et donc avoir un vin différent chaque année. Il faut donc toujours avoir une offre différente, qui puisse intriguer.

Ou je peux choisir d’intervenir pour qu’il soit toujours reconnaissable, toujours le même.

Je le vois chez les cavistes, tant de gens viennent et demandent toujours le même vin parce qu’ils l’aiment. Ils ont peur d’essayer autre chose, ils n’ont pas la curiosité d’essayer autre chose.

Elle planifie déjà son vignoble, les cépages qu’elle voudrait voir s’exprimer sur le sol du nord du Latium où elle possède quelques hectares. Elle réfléchit au type de vin qu’elle voudrait.

Souvent, je me pose aussi la question de savoir quoi, quel chemin on peut prendre. Parce qu’il est évident que le marché est dicté par le goût, le goût personnel des gens.

Et surtout, il varie. C’est aussi une mode. Il y a donc des tendances qui durent un certain temps, puis elles varient, il faut toujours être connecté au monde réel.

 Faire un vin que personne n’aime et parce qu’il te plait à toi et parce que tu en es convaincue, tu risques de te heurter au marché. 

Il s’agit dans tous les cas d’un investissement, et si tu produis un vin et que tu veux le vendre, il va certainement falloir faire des compromis. Qui produit le vin doit être vigneron mais avec, de toute façon, une expérience de la dégustation et du public, car quand on fait les dégustations avec le groupe de service du FISAR par exemple – on se rend compte de la façon dont le public aborde le vin. Et c’est vrai, il y a beaucoup de curiosité et beaucoup d’ignorance, bien que cela fasse plus de trente ans que la formation a lieu et que tout a changé. Mais il y a encore beaucoup de gens qui viennent encore exclusivement pour l’alcool… c’est très limitant, je trouve.

La marche à suivre pour réussir: un changement programmé

J’avoue que j’ai été bluffée par le parcours de Silvia. Une lente évolution qui au final aboutit sur un changement radical: changer de vie et r vivre de sa passion pour le vin.

On est vraiment loin de l’image d’Épinal du travailleur lassé de la routine quotidienne et qui décide de changer de vie du jour au lendemain. Silvia a commencé par donner corps et voix à sa passion, a murement planifié son départ, son lieu d’atterrissage et prévoit déjà le prochain changement.

Vous l’avez compris, Silvia n’a pas changé de vie du jour au lendemain.

Elle a d’abord pris le temps de nourrir sa passion en faisant d’abord des découvertes empiriques, en dédiant son temps libre à s’informer, déguster.

Elle entreprend ensuite un parcours professionnalisant en marge de son emploi de salariée dans une entreprise d’un domaine qui n’avait vraiment rien à voir avec le vin.

Et c’est en fréquentant le monde des dégustations accessible à travers les organismes formateurs présents en Italie qu’elle a commencé à concrétiser la possibilité de changer de vie.

Elle se diplôme à la fisar comme sommelière, elle poursuit ensuite sa formation en suivant un master de dégustateur. Et la passion pour le vin étant ce qu’elle est, un feu qui a besoin sans cesse d’être alimenté, elle s’inscrit ensuite à l’université en œnologie. 

Ces trois parcours lui permettent aujourd’hui de planifier l’implantation de son futur vignoble.

Avec une vision vraiment complète, puisqu’ elle a une expérience dans le service avec les dégustations, dans la vente en cave, dans le conseil aussi. Elle connait son marché, ses attentes, les enjeux qu’elle devra affronter comme future vigneronne. 

Une reconversion réussie, mais qui lui a demandé 5 ans jusqu’à aujourd’hui pour en vivre.

Et au regard de cette histoire, est-ce que l’aventure vous tente encore ?

Petite anecdote de notre rencontre.

J’ai voulu ouvrir une bouteille avec Silvia en vue d’un repas un peu festif entre amis en prévision des fetes qui approchent.

Je m’étais laissée tentée il y a quelques semaines par une bouteille un peu alternative et qui s’est révélée une grosse grosse déception…

Silvia a été super, elle a joué le jeu à fond, elle est même parvenue à me trouver un accord génial pour le vin qui clairement avait quelque problème.

Alors je me suis posée la question, que faire ? le publier ? oui ? non ?

la bouteille en dégustation avec Silvia
La bouteille en dégustation avec Silvia, masquée parce que pas terrible…

Et j’ai décidé de le mettre… et masquant les noms. Parce que ça n’avait pas tellement de sens de parler d’un vin clairement défectueux.

Vous trouverez l’intégral de notre conversation, par ici et le nom est bien évidemment caché.